Le chêne liège, cultivé pour son écorce liégeuse

Le chêne liège dont le nom botanique est Quercus suber fait partie de la famille des Fagacées. Il est originaire de la partie ouest de la Méditerranée et pousse en Espagne, au Portugal, dans les régions sud de l’Italie ainsi que sur le littoral de l’Afrique du Nord. Il est également connu sous les appellations suivantes : corcier, surier et suve. Aujourd’hui, on trouve encore des chênes liège dans les forêts des Landes et en Perpignan. Il s’agit d’une des variétés de chêne les plus connues parce que son écorce est utilisée pour la fabrication de bouchons de liège. L’écorce du chêne liège constitue une protection efficace contre les incendies. L’exploitation de l’écorce liégeuse ne nécessite pas la coupe des arbres : les exploitants effectuent ce que l’on appelle le démasclage. Au Portugal, chaque arbre est démasclé tous les neuf ans. Il s’agit d’un arbre rare très ornemental qui fait la fierté des régions méditerranéennes. En effet, le paysage touristique de ces régions est unique.

Les caractéristiques du chêne liège


À l’âge adulte, le chêne liège peut mesurer jusqu’à 20 m de hauteur et 20 m de largeur. Le chêne liège vit en moyenne jusqu’à 200 ans, mais certains arbres peuvent durer 800 ans. Ses branches sont très solides et plutôt ondoyantes. Il possède un feuillage persistant pouvant durer jusqu’à 3 ans : tous les ans, on assiste à un renouvellement partiel du feuillage. Son écorce fissurée peut mesurer jusqu’à 25 cm d’épaisseur.

Ses feuilles rustiques résistent au froid jusqu’à -16 °C, mais ne supportent pas les hivers rigoureux. Ses petites feuilles mesurent de 3 à 5 cm de long et se démarquent par leur forme ovale et allongée. Elles se démarquent par leurs bordures dentelées et épineuses, mais aussi par leur revers duveté.
Le chêne liège fleurit aux mois d’avril et mai. Ses fleurs sont jaunes : poussant sur le même arbre, les fleurs mâles se distinguent des petites fleurs femelles par leur inflorescence. La fécondation des fleurs femelles donne des glands de forme ovoïde. Les cupules recouvrent le fruit jusqu’à la moitié de leur longueur. Les cupules sont reliées à l’arbre par un petit pédoncule convexe.
Sur le plan écologique, le chêne liège est un arbre qui assure la survie et le développement de nombreuses espèces animales et végétales.

Le chêne liège de Chine


Le chêne liège de Chine, également appelé Quercus variabilis ou Quercus bungeana, est une autre variété de chêne liège qui provient du Japon, de la Chine, de la Corée, de Taiwan et du Tibet. C’est R.Fortune qui le rapporte en Europe en 1861. Cet arbre à feuillage marcescent peut mesurer jusqu’à 30 m de haut et 15 m de large à maturité. Il résiste au froid jusqu’à une température de -20 °C et pousse sur tous les types de sols. Cependant, il ne tolère ni les terrains trop humides, ni les environnements marins. Il se développe mieux en plein soleil ou à un emplacement semi-ombragé. Ses feuilles lancéolées et légèrement dentelées se parent de terminaisons épineuses. Elles peuvent atteindre 20 cm de long et 8 cm de large. Vertes foncées au-dessus et argentées en dessous, ces feuilles virent au jaune d’or en automne. Cet arbre est très apprécié pour son élégance : en effet son houppier de forme arrondie est clairsemé. Il possède également une écorce liégeuse dont la couleur varie du gris rose au gris brun. Des fabricants chinois l’utilisent pour produire des bouchons, mais la qualité n’est pas aussi bonne que les bouchons faits en écorce de liège de Quercus suber. Le chêne liège de Chine produit des glands de forme arrondie de 2 cm diamètre à maturité. Ils murissent deux ans après leur apparition.

La culture et l’entretien du chêne liège


Dans le sud de l’Europe, le chêne liège est cultivé pour l’exploitation de son écorce. Il pousse sur les sols les plus ingrats : sols sablonneux, terrains stériles et surtout dans les landes. Mais il préfère les sols siliceux et humides. Le chêne liège ne tolère pas les sols calcaires, les substrats rocheux et le gel.
Le chêne liège se cultive par semis : lorsque les glands sont matures, il faut les récolter et les semer aussitôt. En effet, le gland perd très rapidement sa faculté germinative. Si vous préférez attendre le printemps pour les planter, il faut les conserver dans la terre sèche.

Il est également possible de pratiquer la stratification : les glands à maturité sont stockés dans un sac en plastique rempli de sable humidifié : cette préparation doit ensuite être conservée dans le réfrigérateur à -5 °C. Attention, il ne faut jamais l’installer dans le congélateur : en effet, une température trop basse abîmera les glands.

Au moment des semis, il est conseillé de faire germer les glands dans un pot ou un bac rempli de terre non calcaire. Une fois que le plant est bien développé, il sera plus facile à transplanter : veillez à ce que les racines soient bien longues pour assurer la viabilité de votre chêne liège. Prévoyez un système de drainage efficace pour que les racines ne soient pas putréfiées par un excès d’humidité.
Le chêne est un arbre qui ne nécessite que très peu d’entretien au cours des premières années de vie, l’arbre doit être régulièrement arrosé. Au printemps, pensez à rajouter un peu de terreau pour favoriser la croissance de votre chêne liège. Si vous souhaitez tailler votre arbre pour des raisons pratiques ou esthétiques, il faut le faire en hiver, après la récolte.

Exploitation du chêne liège


L’écorce du chêne liège est exploitée pour sa légèreté et sa propriété isolante. Le premier liège qui enveloppe l’arbre s’appelle « liège mâle ». Il s’agit d’un matériau fissuré dont de piètre qualité qui est démasclé lorsque le tronc de l’arbre atteint une circonférence de 70 cm. En général, ce premier démasclage est réalisé lorsque l’arbre est âgé de 25 ans. Ensuite, un nouveau liège se constitue peu à peu : il s’agit du « liège femelle » ou du « liège de reproduction ». Ce matériau d’une qualité incontestable est collecté tous les 9 à 15 ans. Les exploitants attendent que l’épaisseur souhaitée soit atteinte avant de démascler un chêne liège. Au Portugal, cette collecte s’effectue tous les 9 ans, lorsque l’épaisseur du liège femelle est de 3 cm.

Utilisation du liège


Le liège mâle est écrasé pour obtenir des granulés utilisés pour la fabrication de panneaux d’isolation thermique dans la construction immobilière. Le liège femelle est destiné à la fabrication de bouchons employés pour la pêche ou les bouteilles de vin. Au 18e siècle, le liège femelle est également utilisé pour la toiture des maisons en Espagne. Le liège est également utile en cordonnerie : il sert à l’épaississement des souliers et la fabrication de compensations.

Autres usages du chêne liège


Le bois du chêne liège est également très apprécié pour sa densité et sa solidité : il est utilisé comme bois de chauffe, mais dans la petite menuiserie et la petite charpenterie, on l’emploie pour fabriquer des mobiliers et des éléments de constructions immobilières.

Auparavant, on attribuait à l’écorce du chêne liège, des vertus astringentes. Il était employé pour arrêter les hémorragies et les maux de ventre. La cendre de liège mélangée à de l’huile d’œufs est un remède pour soulager les hémorroïdes.

Les maladies et les parasites du chêne liège


Comme toutes les plantes, le chêne liège peut être envahi par des parasites et ravagé par des maladies. En général, il s’agit d’insectes et de champignons.

Le bombyx disparate ou Lymantria dispar est un papillon nocturne qui aime nicher sur le chêne liège. Sa présence favorise la défoliation de l’arbre. Le bupreste du chêne ou Coroebus bifas-ciatus est un coléoptère dont la larve se nourrit du bois de l’arbre et écourte sa durée de vie. Le capricorne du chêne ou Cérambyx cerdo est aussi un coléoptère qui se reconnait par ses longues antennes : ses larves creusent des passages dans le bois et détruisent le chêne au fil du temps. Le platype ou platypus cylindrus est un insecte qui envahit surtout les arbres dont les troncs ont été récemment démasclés. La tordeuse verte ou tortrix viridana est un petit papillon qui pond ses œufs sur le chêne liège : ses larves roulent les feuilles pour se protéger. La fourmi du liège est également un parasite du chêne liège.

Lorsque le chêne liège est envahi par certains champignons, il peut être atteint de certaines affections telles que la maladie du charbon de la mère et la maladie de l’encre. Lorsque le démasclage occasionne des blessures sur l’arbre, un champignon s’y développe et entraine le diplodia mutila. Les racines du chêne liège peuvent également être touchées par des champignons : le basidiomycète, l’armillaire couleur de miel et d’autres espèces d’armillaires.